Première centenaire de la Résidence Clairefontaine en 2022, Marcelle Rousseau réside depuis un an, pour des raisons de mobilité réduite, à l’EHPAD Tournebride, dans le Mérévillois. Mais elle n’est pas oubliée. Ni par les siens, ni par ses amis, ni par la Ville d’Étampes. Bien au contraire.

Mercredi 4 juin, pour fêter ses 103 ans célébrés le 30 mai, son fils Jean-Michel et Gilbert Dallérac, adjoint au maire chargé des Aînés, de la Mémoire, des Anciens Combattants et du CCAS, sont venus lui rendre visite.

Dans le petit salon de l’établissement, l’ambiance est douce, pleine de sourires et d’émotion.

Un bouquet de fleurs, un mot personnel du maire Franck Marlin, et surtout une présence attentive : autant de gestes simples mais profonds pour saluer une femme qui a marqué les esprits et les cœurs de la résidence Clairefontaine, où elle demeura 27 ans !

Née en 1922 dans le Lot-et-Garonne, Marcelle arrive à Bouville à l’âge de 4 ans. Elle y grandit, puis s’installe après son mariage dans la Cité royale où elle fera carrière au sein de l’agence EDF en tant que secrétaire.

À 103 ans, Marcelle étonne toujours par l’acuité de sa mémoire. Des souvenirs nets, précis, qu’elle cultive avec plaisir, notamment grâce aux quiz de culture générale qu’elle adore.

« On apprend toujours des choses », dit-elle en souriant.

Ce jour-là, Thérèse Albert, Valérie Manaranche et Nadine Albert-Marty, ses amies de longue date, lui ont également fait la surprise d’une visite. Elles arrivent, rayonnantes, les bras chargés de souvenirs. Ensemble, elles évoquent les bons moments partagés au sein de l’association Étampes Accueil et de la Bibliothèque pour tous : les voyages qu’elle organisait avec passion, les lectures partagées, les poèmes qu’elle déclamait avec enthousiasme.

« Marcelle a toujours été vive d’esprit, incollable en histoire et en géographie, elle connaît tout : les capitales, les rois, les dates… Elle impressionnait également tout le monde quand elle récitait du Victor Hugo, du Lamartine », rappelle Valérie.

Dans le calme de ce moment suspendu, Marcelle montre avec panache combien sa mémoire est intacte, et déclame de sa douce voix trois strophes d’un poème de Victor Hugo, écrit après la mort de sa fille Léopoldine.

L’assemblée en reste bouche bée, émerveillée par la beauté du texte et de cette récitation claire comme de l’eau de roche.

« J’aime la poésie, le chant des mots… C’est pour ça que je retiens tout », explique-t-elle simplement.

Jean-Michel, son fils, est lui aussi, ému. Il regarde sa mère avec admiration.

« Elle m’impressionne toujours autant. Quelle vitalité, quel esprit ! », déclare Thérèse, avec un regard tendre.

Marcelle, touchée par ces mots chaleureux, glisse avec humilité :

« C’est flatteur. »

Avec Thérèse, âgée de 98 ans, Marcelle évoque ensuite les années difficiles de l’après-guerre. Elle se souvient des bombardements du 10 juin 1944 à Étampes, qui firent 131 victimes civiles. Le chiffre est resté gravé dans sa mémoire.

Elle aborde également le travail mené, aux côtés de Louis Albert, un habitant du quartier Saint-Gilles, chef d’entreprise, au sein du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour aider à rebâtir la ville meurtrie.

Des souvenirs poignants, puis d’autres plus réjouissants, comme ce voyage en tandem effectué avec Pierre, son mari, en 1948, d’Étampes à Royan (Charente-Maritime).

Dans les échanges, Marcelle parle aussi de sa famille : ses enfants Dominique et Jean-Michel, ainsi que ses six petits-enfants, dont elle suit avec intérêt le quotidien malgré la distance qui les sépare.

Il y a un an, un problème de santé réduisant sa mobilité a contrainte Marcelle à quitter la résidence Clairefontaine.

« Nous aurions tant aimé qu’elle y reste. Sa bonne humeur et sa gentillesse ont marqué tout le monde », confie Gilbert Dallérac.

Dans sa nouvelle résidence de La Tournebride, Marcelle Rousseau est à nouveau la doyenne, entourée de quatre autres centenaires.

« Je m’y sens bien. Et j’ai de la chance, je ne ressens aucune douleur », déclare-t-elle.

Ses journées passent en douceur, ponctuées de lectures, de chansons qu’elle connaît par cœur, et de nombreuses animations proposées par l’équipe de l’EHPAD Tournebride.

Un jeune homme arrive pour l’inviter à participer à un quiz, comme elle les aime. Il est temps de se dire au revoir. Tout le monde l’embrasse chaleureusement.

« Ce fut un merveilleux moment de partage », déclarent le cœur léger, Thérèse Albert, Valérie Manaranche et Nadine Albert-Marty. Gilbert Dallérac et Jean-Michel Rousseau en conviennent aussi.

Bel anniversaire Marcelle !