Face aux horreurs de la Guerre, des femmes et des hommes se sont levés et ont combattu au nom de la Liberté. Il est de notre devoir de ne jamais oublier. Pour que leurs noms ne tombent pas dans l’oubli, pour que l’Histoire ne se répète pas, la Journée Nationale des Victimes et des Héros de la Déportation a été créée en 1954.

À chaque dernier dimanche d’avril, date proche de la libération de la plupart des camps nazis de concentration ou d’extermination de la Seconde Guerre mondiale, la France se souvient et honore la mémoire de tous les déportés.

Étampes, Ville de Résistance, qui a su se reconstruire sous les décombres, se joint chaque année à cet hommage. Notre Cité Royale a en effet vu naître des Héros de la Déportation. En ce dimanche 28 avril, une grande cérémonie d’hommage était ainsi organisée à plusieurs endroits de la commune, afin de rappeler que derrière chaque plaque, chaque photo, chaque nom… se trouvent des êtres humains, des actes de bravoure et de résistance, des Étampoises et des Étampois au destin hors du commun. Un devoir de mémoire indispensable qui s’accompagne d’une dénonciation de toutes les formes de barbarie.

Le cortège, composé du Maire d’Étampes Député Honoraire Franck Marlin, des élus du Conseil Municipal et Conseil Municipal Jeunes, des représentants d’associations d’Anciens Combattants, de porte-drapeaux, de Jeunes Sapeurs-Pompiers, de la Batterie Fanfare et l’Union Philharmonique d’Étampes, ainsi que des membres des familles de Pierre Audemard, de Gabriel Gautron et de Jean Rigot, s’est ainsi rassemblé ce dimanche 28 avril sur la place du Jeu-de-Paume ce matin.

Le cortège s’est ensuite dirigé sente Lucie-Aubrac dans l’école Jean-de-La-Fontaine, rue Jean-Baptiste-Eynard, square Pierre-Pecquet (rue de la Digue), rue Pierre-Audemard, à la stèle de la rue Reverseleux, à la plaque Jean-Rigot (place Saint-Gilles), rue Louis-Moreau, mail Gabriel-Gautron, avec un hommage spécial donné à la mémoire de Henri-Frédéric Manhès, Résistant Compagnon de la Libération (9 juin 1889 – 25 juin 1959), né à Étampes, bras droit de Jean-Moulin et déporté à Buchenwald. La cérémonie s’est conclue au Monument aux Morts.

À tous nos héros étampois : allée Lucie-Aubrac (1912-2007)

La cérémonie commémorative aux Victimes et Héros de la Déportation a commencé avec un hommage à Lucie Aubrac. Au nom du Conseil Municipal, le Maire Franck Marlin a déposé une gerbe devant la plaque installée à sa mémoire, allée Lucie-Aubrac, au sein de l’école Jean-de-La-Fontaine.

Née en juin 1912 près de Mâcon, Lucie Bernard dite Aubrac est une grande figure de la Résistance française. Professeure d’histoire-géographie à la déclaration de la guerre, elle participe à la création de Libération-Sud, l’un des premiers réseaux de résistance. Très active, elle participe notamment à la libération de son mari et de plusieurs de ses compagnons, arrêtés à Caluire avec Jean Moulin. Après avoir gagné Londres en février 1944, le couple revient en France après la guerre. Auteure de plusieurs livres, dont « Ils partiront dans l’ivresse » et « La résistance expliquée à mes petits-enfants », Lucie Aubrac a également vu sa vie adaptée au cinéma par Claude Berri, en 1997. Ses exploits ont en outre inspiré le fabuleux « L’Armée des ombres » de Melville avec Simone Signoret. “Madame Conscience”, comme elle était appelée, laissera à tous un souvenir fort. Elle était le visage de la Liberté et du courage. Républicaine convaincue, elle milita sans cesse pour la Paix et pour défendre les valeurs de Liberté, Égalité et Fraternité.

Étampes eut l’honneur d’accueillir Lucie Aubrac en 2001, lors de l’inauguration de l’allée portant son nom et qui relie les établissements maternel et élémentaire du groupe scolaire Jean-de-La-Fontaine.

Sa gentillesse, sa disponibilité, sa discrétion, son message en direction des jeunes rappelant que “Ce n’est que par la culture, la lecture et l’écriture que vous aurez tous la possibilité d’être des personnes libres” sont encore gravés dans les mémoires de chacun.

À tous nos héros étampois : plaque Jean-Baptiste Eynard (1894-1945)

Le cortège a ensuite déposé une gerbe en hommage à Jean-Baptiste Eynard, dans la rue qui porte son nom.

Il est né le 10 octobre 1894 à Voutezac en Corrèze.  Il habitait au 137, rue Saint-Jacques. Le 22 novembre 1942, il rejoint le mouvement clandestin de résistance Libération-Nord. Sa fonction et son engagement patriotique lui permettent de dissimuler les jeunes gens dans les fermes de la région afin d’empêcher leur envoi en Allemagne. C’est précisément ce qui entraîne son arrestation par la Feldgendarmerie le 17 juillet 1944 à Étampes. Il est incarcéré le même jour à Versailles puis interné le 27 juillet suivant à Fresnes.

Le 15 août 1944, Jean-Baptiste Eynard est déporté en wagon à bestiaux depuis la gare de Pantin vers le KZ Buchenwald près de Weimar en Thuringe avec « le convoi des 77000 ». Il s’agit du dernier transport massif de plus de 1 650 hommes et 550 femmes parti de Paris à la veille de l’insurrection de la capitale, malgré les tentatives de la Résistance pour empêcher le départ du train. Arrivé le 20 août au terme d’un voyage éprouvant et mouvementé, Jean-Baptiste Eynard est aussitôt placé en quarantaine et devient le matricule 77350. Fiché, il se déclare agriculteur.

Le 3 septembre 1944, il est envoyé au Tunnel de Dora, l’un des plus importants Kommandos extérieurs dépendant de Buchenwald, situé à 80 km près de Nordhausen au sud du Harz. Ce camp entoure un immense site souterrain creusé et aménagé, une année auparavant, par des milliers de détenus pour y abriter la Mittelwerk, l’usine de montage des fusées secrètes A4-V2. Plus de la moitié d’entre eux y ont perdu la vie entre septembre 1943 et avril 1944. Mais Jean-Baptiste Eynard ne reste que 4 jours à Dora avant d’être dirigé vers le camp d’Ellrich-Juliushütte tout proche où l’attendent d’abominables conditions de détention et de travail forcé. Des SS aux ordres du Sonderstab Kammler font régner la terreur sur les divers chantiers alors que la pénurie y est déjà absolue. De ce fait, des 830 hommes arrivés avec lui, 716 vont trouver la mort, soit 85% de l’effectif.

Probablement épuisé et malade en février 1945, Jean-Baptiste Eynard est jugé « inapte au travail » par les gardiens SS qui décident de s’en séparer en l’inscrivant sur la liste des 1 602 « malades » en partance le 3 mars 1945 pour la Boelcke Kaserne à Nordhausen. La ville ne pouvant faire face à l’affluence de détenus arrivant de partout, le convoi doit repartir le 6 mars avec 2 252 « inaptes » vers le KZ Bergen-Belsen, atteint le 7 mars. Comme la quasi-totalité des hommes de ce transport, Jean-Baptiste Eynard est porté disparu à compter du 8 mars 1945, victime à l’âge de 50 ans de la barbarie nazie.

Son acte de décès, dressé à Paris suite au jugement du tribunal civil de première instance d’Étampes rendu le 29 octobre 1948, fixe la mort de Jean-Baptiste Eynard au 30 avril 1945 en Allemagne. Il est transcrit en novembre 1948 au registre de l’état-civil de la ville d’Étampes.

À tous nos héros étampois : square Pierre-Pecquet (1899-1969)

L’étape suivante de cette cérémonie commémorative était le square Pierre-Pecquet, où une gerbe a été déposée au nom du Conseil Municipal par le Maire Franck Marlin, en hommage à cet enfant du quartier Saint-Martin.

Né à Étampes le 14 mars 1899, combattant de la Grande guerre, de la Campagne de France et de la Résistance sous le pseudonyme de Le Bourgeois, Pierre Pecquet rejoint le réseau « Confrérie Notre-Dame Castille » après sa démobilisation en 1940. Il mène son combat de l’ombre sous les ordres du Colonel Rémy, puis de Louis Moreau et d’Henri Poirier. Ceux qui choisissent de s’unir pour refuser l’Occupation et poursuivre la lutte trouvent refuge dans son café de la rue Saint-Martin. C’est là-bas que Pierre Pecquet recrute, dirige et coordonne le premier groupe de résistants étampois. À l’été 1944, il commande les volontaires locaux des Forces Françaises de l’Intérieur qui participent activement aux combats pour la libération du territoire. Pierre Pecquet est cité à l’Ordre de la Brigade en 1946 et la valeur exemplaire de sa conduite est reconnue par décret au Journal Officiel du 13 octobre : « Volontaire pour toutes les missions dangereuses pendant la clandestinité, a hébergé de nombreuses personnes recherchées par la Gestapo et entre autres un Lieutenant allié. A assuré des missions dangereuses au cours desquelles il s’est fait remarquer par son allant et son courage. Arrêté par les Allemands et interrogé, il n’a fourni aucun renseignement malgré les menaces dont il fit l’objet. Au cours des combats de la Libération, il s’est aussi particulièrement distingué par son mépris du danger ».

À tous nos héros étampois :  hommage spécial à Henri-Frédéric Manhès (9 juin 1889 – 25 juin 1959)

Cette année, la Ville d’Étampes a souhaité rendre hommage au Colonel Henri-Frédéric Manhès, Résistant et Compagnon de la Libération. En effet, en entendant parler de son histoire, la Municipalité a décidé de commémorer la bravoure de cet Étampois en déposant une gerbe en son honneur ce dimanche 28 avril, mais également en nommant une rue à sa mémoire, qui sera inaugurée le dimanche 23 juin à 10 h 30.

Henri Manhès est né le 9 juin 1889 à Étampes et a vécu au 1, rue du Petit-Saint-Mars. Appelé sous les drapeaux le 1er octobre 1910, il effectue deux années de service militaire au 15e Régiment d’Infanterie. Mobilisé le 2 août 1914, comme sergent du 160e Régiment d’infanterie, il se porte volontaire pour le front à deux reprises et subit deux blessures par balles et une par grenade. Il termine la Première Guerre mondiale en commandant de compagnie avec le grade de Lieutenant, puis devient Chevalier de la Légion d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre.

Rendu à la vie civile, il devient un personnage incontournable du monde de l’édition. En juillet 1936, il est en Espagne où il assiste aux débuts de la guerre civile. À son retour, il est intégré à l’équipe de Cot, constituée autour de Jean Moulin. Commandant d’unité à la Base aérienne de Villacoublay, puis à la Base aérienne de Saint-Cyr, il est promu au grade de commandant le 15 juin 1939. Dès la déclaration de guerre, il organise la défense de la Base et de la région. Écœuré par la demande d’armistice, il demande à quitter le service actif en 1940. Il commence alors le travail de résistance à l’ennemi dès septembre et reprend contact avec Jean Moulin. Henri Mahnès s’affilie bientôt au groupe de Résistance naissant « Ceux de la Libération ». Il se consacre tout entier au recrutement pour ce mouvement dans la région parisienne. Il crée également un réseau d’action, de renseignements et d’évasion, le réseau « Frédéric » des FFC. Il signe son engagement dans les Forces françaises libres au début du mois d’avril 1941 sous le nom de « Frédéric Monceau »

Il est arrêté par les Brigades spéciales à Paris, le 3 mars 1943. Incarcéré à la prison du Cherche-Midi puis à celle de Fresnes, il est régulièrement interrogé. En dix mois, il subit 27 interrogatoires, ne fournissant aucun renseignement exact, malgré la violence des méthodes appliquées par la Gestapo. Condamné à mort le 3 novembre 1943, il échappe au peloton d’exécution grâce à l’action de sa femme qui soudoie un officier allemand. Il est envoyé au camp de Compiègne du 18 au 22 janvier 1944 d’où il est déporté en Allemagne le 22 janvier 1944, à destination de Buchenwald, où il est interné jusqu’à sa libération le 11 avril 1945. À son retour, il crée, en octobre 1945, la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) avec Marcel Paul, dont il devient le chef de cabinet.

À tous nos héros étampois : rue Pierre-Audemard (1903-1945)

Le cortège a rendu hommage à Pierre Audemard en déposant une gerbe dans la rue qui porte son nom depuis 1965, en présence des membres de sa famille.

Pierre Audemard, radioélectricien, tenait un magasin dans la rue de la République et était adjoint au Maire d’Étampes pendant l’Occupation. Avec Louis Moreau, il organise le réseau de Résistance « Ceux de la Libération ». Le 17 mai 1943, Radio-Londres envoie deux messages codés pour annoncer un parachutage d’armes dans la nuit du 18 au 19 mai près du village La Montagne (à 5 km au sud-est d’Étampes) au profit du groupe de résistants. À 23 h, ces derniers ont formé un triangle lumineux à l’aide de lampes torches pour donner le signal au pilote, qui a bien largué sa cargaison : 6 containers, soient 2 tonnes d’armes ont ainsi été parachutées puis cachées sous un ballot de paille à l’angle du château de La Montagne. En juin 1943, Pierre Audemard et des membres du groupe furent arrêtés par la Gestapo et interrogés très précisément au sujet de cette opération. Ils furent déportés à Buchenwald et Pierre Audemard mourut à Mathausen en 1945, le jour-même de la libération du camp par les Américains.

À tous nos héros étampois : stèle rue Reverseleux.

L’émotion régnait lorsqu’il était l’heure de déposer une gerbe à la stèle rue Reverseleux.

Celle-ci rend hommage à quatre jeunes résistants surpris par une patrouille allemande alors qu’ils transportaient des armes. Ils furent fusillés dans la nuit du 17 au 18 août 1944 ,au lieu-dit le Rougemont. Les quatre fusillés étaient René Delandhuy, demeurant à Paris, Albert Lemaître, de Sartrouville, Louis Lusson, employé des chemins de fer à Sartrouville, et André Mary, de Maisons-Laffitte.

Comme chaque année, la Ville d’Étampes réserve un moment de recueillement à leur mémoire en cette Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation.

À tous nos héros étampois : plaque Jean-Rigot (1924-2022)

Le cortège est venu rendre hommage à Jean Rigot, résistant étampois déporté dans le camp de concentration de Neuengamme, qui nous a quittés en 2022, à 97 ans. Une plaque commémorative avait été dévoilée l’année dernière, place Saint-Gilles, quartier où il a vécu de nombreuses années, en présence de sa famille. Un moment d’émotion qui résonnait encore cette année, lorsque le Maire Franck Marlin a déposé une gerbe de fleurs à sa mémoire.

Jean Rigot a vécu plus de 70 ans à Étampes. Né à Colombes, il s’engage au début de la Seconde Guerre mondiale dans la Résistance en Eure-et-Loir. Il est arrêté en août 1943, emprisonné à Chartres, Orléans, puis Compiègne avant d’être déporté dans le camp de concentration de Neuengamme.

« Le trajet en train pour arriver à Neuengamme fut effroyable. Nous étions près de 80 personnes, debout, serrées comme des sardines dans un wagon à bestiaux avec du barbelé aux fenêtres. Le trajet a duré 2 jours, sans boire ni manger. Parmi les 1 500 hommes du convoi, 459 sont décédés au cours du voyage. À la libération des camps, seuls 352 sont rentrés chez eux. J’étais parmi les survivants. Je pesais 34 kg », avait-il confié.

Homme pudique et discret, il assistait à chaque commémoration de la Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation : « Je veux rester debout pour dire : n’oublions jamais. »

En 2011, Jean Rigot s’était vu remettre les insignes de la Légion d’Honneur dans les salons de l’Hôtel de Ville d’Étampes.

À tous nos héros étampois : rue Louis-Moreau (1888-1943)

Le cortège est venu rendre hommage à Louis-Moreau, déposant une gerbe dans la rue qui porte son nom.

Originaire de Limoges, Louis Moreau, inspecteur de l’instruction primaire, arrive à Étampes en octobre 1937. Dès 1942, il est le chef et l’organisateur du principal réseau de résistance locale. Arrêté sur dénonciation le 29 juin 1944 à son domicile (n°27 de l’actuelle rue Louis-Moreau), il est interrogé, torturé et déporté avant de mourir à Buchenwald en septembre 1944, alors qu’Étampes venait tout juste d’être libérée.

Derrière l’inspecteur se trouvait un patriote. Les Cahiers de l’association Étampes-Histoire dédiés à des Grands Étampois méconnus permettent de découvrir la vie de Louis Moreau :

« Son dossier personnel, conservé aux Archives nationales, montre le profil d’un excellent fonctionnaire, aussi bien sous la 3e République qu’au temps du régime de Vichy.  Du fait de ses qualités professionnelles et des facilités qu’offre sa fonction, l’inspecteur organise vers 1943 une sorte de petit réseau étampois, assez cloisonné et dont il est devenu le chef sous pseudonyme de « Vincent », nom de famille de sa mère. Assez vite, il coordonne l’action d’autres chefs de secteur, ou du moins exploite ou transmet une partie des renseignements dont ils peuvent disposer. (…) Le groupe Moreau aurait disposé du code chiffré des transmissions de la Luftwaffe et aurait fait connaître à Londres nombre de renseignements tels que les codes utilisés entre avions et entre aérodromes et avions, y compris pour les transmissions avec l’armée de terre ; des données sur les positions des divisions en France, l’activités des aérodromes, les nouveaux types d’avions ; les projets d’opérations, le moral des troupes etc. À l’actif de cette collaboration doit notamment être porté le succès du bombardement allié sur Étampes dans la nuit du 9 au 10 juin 1944, qui a détruit en 35 minutes, avec une relative précision, le nœud ferroviaire et le quartier Saint-Gilles où étaient installés une partie des services allemands. Ce travail de renseignements valut par deux fois au groupe d’Étampes des félicitations alliées retransmises par la B.B.C. », explique Philippe Oulmont. 

À tous nos héros étampois : mail Gabriel-Gautron (1913-1996)

Avant de se diriger au Monument aux Morts et de conclure cette cérémonie à la mémoire des Victimes et Héros de la Déportation, le cortège s’est rendu au mail Gabriel-Gautron pour y déposer une gerbe et lui rendre hommage, en présence des membres de sa famille.

Gabriel Gautron est né le 20 juillet 1913 à Saint-Cyr-la-Rivière. En janvier 1943, il est électricien chez un artisan radio, Pierre Audemard, qui le fait entrer dans le réseau de résistance « Ceux de la libération ».

Le 19 mai, il participe à l’opération de parachutage d’armes au lieu-dit « La Montagne ». Le lendemain, Pierre Audemard est arrêté. En novembre 1943, Gabriel Gautron l’est à son tour. D’abord détenu et interrogé, il est ensuite déporté au camp de Buchenwald. « Nous y sommes arrivés le 24 janvier 1944 après 50 heures passées dans les wagons à bestiaux où 120 personnes s’entassaient. Arrivés au camp, déshabillage, puis tonte de la tête aux pieds. Ensuite, il fallait plonger la tête la première dans une baignoire emplie de grésil. Pour habits : tenue rayée en fibranne de bois et pour chaussures, semelles de bois avec une lanière. J’ai tenu grâce au moral. », écrivait Gabriel Gautron dans un témoignage à l’en-tête de l’Union Départementale des Combattants Volontaires de la Résistance de l’Essonne en 1995.

En avril 1944 le camp est évacué et Gabriel Gautron envoyé à Blankenbourg. Sous la pression de la Suède, il fera partie d’un échange de prisonniers, puis sera rapatrié en France par la Belgique. À son retour, il ne pèse plus que 34 kg. Il retrouve sa femme et sa première fille née en 1942. Le couple aura ensuite la chance de voir naître quatre autres filles. Jusqu’à sa retraite, Gabriel a travaillé à son compte dans l’entreprise d’électricité qu’il avait créée à Étampes. Il témoignait régulièrement dans les écoles du Département, ce qui lui a valu de recevoir les Palmes académiques, puis la Légion d’Honneur. En 2010, le Maire Franck Marlin donne son nom au mail piétonnier situé derrière la Collégiale Notre-Dame.

En ce jour symbolique, la Ville d’Étampes a également une pensée pour sa femme, Rose Gautron, qui nous a quittés en 2022, à 101 ans.

À tous nos héros étampois : un ultime hommage au Monument aux Morts

 

La grande cérémonie d’hommage pour la Journée Nationale des Victimes et des Héros de la Déportation s’est achevée à Étampes au Monument aux Morts.

Plusieurs gerbes ont été déposées, en présence des forces de l’ordre et ses Sapeurs-Pompiers : par le Maire d’Étampes Député Honoraire Franck Marlin, accompagné par les élus du Conseil Municipal, du conseiller régional Gérard Hébert, des Conseillers Municipaux Jeunes, ainsi que les membres des familles de Pierre Audemard, de Gabriel Gautron et de Jean Rigot. Par le Comité d’Entente des associations patriotiques et mémorielles d’Étampes. Par le Conseil Départemental représenté par Marie Claire Chambaret et Guy Crosnier. Par la Députée de l’Essonne Nathalie Da Conceicao Carvalho. Par le Sous-Préfet de l’arrondissement d’Étampes Stéphane Sinagoga, représenté par le secrétaire général adjoint de la préfecture Narendra Jussien.

Après plusieurs discours emplis d’émotions, il fut l’heure d’observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes et Héros de la Déportation, avant que La Marseillaise ne résonne symboliquement.