À l’appel de plusieurs organismes notamment la FNSEA, les agriculteurs se mobilisent pour faire entendre leur voix face à une situation de plus en plus insoutenable. Comme de nombreux professionnels franciliens, les exploitants et représentants de l’Essonne suivent ce mouvement de colère légitime alors que l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur menace d’amplifier la concurrence étrangère déloyale. À l’instar de la Ville d’Étampes qui développe et privilégie les circuits-courts, il est urgent d’agir.

Dès dimanche 17 novembre dans la soirée, les agriculteurs franciliens gagnaient la base aérienne de Villacoublay pour un nouveau cycle de mobilisation agricole. « Loin de s’améliorer depuis la dernière mobilisation en début d’année, la situation s’est encore dégradée avec des perspectives inquiétantes et un double discours insupportable », s’insurge le Maire d’Étampes Franck Marlin. « Pour ma part, je tiens à réaffirmer mon soutien le plus total à ces femmes et ces hommes d’exception, qui œuvrent inlassablement afin de garantir la souveraineté et l’indépendance de notre pays. Ils se battent pour notre bien commun mais les règles du jeu doivent être les mêmes pour tout le monde. »

De la parole aux actes, les circuits-courts privilégiés pour la restauration collective

Contrairement à l’État, le 1er édile d’Étampes ne se cantonne pas à de belles paroles et passe très concrètement à l’acte. « Nous, collectivités et citoyens, constituons les premiers maillons pour défendre cette agriculture. Le devoir nous revient de perpétuer ces savoir-faire, de les privilégier et de les soutenir sous peine de se laisser dicter notre manière de manger. Plutôt que de subir, nous préférons agir en innovant, en changeant notre approche. Ce principe a été à la base de la collaboration avec notre nouveau prestataire pour la restauration collective. En seulement quelques semaines, nous avons ainsi créé des partenariats avec différents producteurs locaux :  des fruits avec la Ferme de Villesauvage, des baguettes avec la Boulangerie Au Bon Pain, des yaourts de la Laiterie des Bas Vignons ou les pâtes de la société CQFD. Nous sommes également en lien avec la Coopérative Agricole pour aller plus loin. Il doit y avoir une prise de conscience générale, une volonté d’avancer ensemble pour que cette politique profite à tous : aux agriculteurs qui se verraient conforter dans leur profession comme aux usagers qui auraient la garantie d’une alimentation de qualité, saine, durable, diversifiée, issue de productions locales et répondant aux normes les plus exigeantes. »

 

Paroles d’agriculteurs et représentants du monde agricole

 Michel Preux, agriculteur au Hameau du Chesnay à Étampes

« Mon fils a suivi le mouvement des agriculteurs ce lundi sur la N118 à Vélizy au nom de notre exploitation. Nous n’avons pas d’autres choix que la mobilisation. La première des revendications est claire : ne pas accepter les règles du Mercosur. Ces accords de libre-échange avec l’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) entraîneraient des produits importés tels du poulet ou du sucre qui vont envahir le marché français avec des coûts bas mais des normes qui n’ont rien à voir avec celles de l’Europe et de la France. Beaucoup d’exploitations françaises ne pourront pas y faire face, que ce soit les éleveurs, les céréaliers ou encore les producteurs de betteraves. À titre d’exemple, le sucre qui sera importé engendrera l’équivalent de la fermeture de 2 sucreries françaises supprimées. On est inquiets, c’est très compliqué. Que ce soit les professionnels ou la population, on a tous plus à perdre qu’à gagner dans ce combat avec des OGM qui pourraient inonder le pays. »

 

Jean-Marc Foucher, président de la Coopérative Agricole Île-de-France Sud et agriculteur à Villeconin

« Aujourd’hui, le monde agricole est étouffé par des normes et une concurrence déloyale au niveau de l’Europe et du reste du monde. Il y a donc énormément de produits importés avec des caractéristiques qui n’ont rien à voir avec celles que l’on subit. Le prix s’en ressent forcément. On dénonce donc ces éléments-là. Cette contestation ne date pas d’hier, ce n’est pas faute d’avoir déjà tiré la sonnette d’alarme mais la situation s’est encore dégradée. C’est impossible de rester dans cette logique, d’autant que ces éléments s’ajoutent à une année où les événements climatiques se sont répétés. À un moment donné, la trésorerie des exploitations est catastrophique. De nombreuses exploitations sont menacées de mettre la clé sous la porte. La compétitivité est impossible lorsqu’elle est aussi déloyale. Nous demandons donc que le marché se base sur des normes européennes et que les règles du jeu pour la commercialisation soient les mêmes pour tout le monde. »

 

Frédéric Arnoult, vice-président de la FDSEA Île-de-France, agriculteur à Bouville

« Il y a plusieurs raisons à notre colère. La première est de constater que rien n’a évolué depuis nos dernières actions il y a un an. Les promesses tenues n’ont pas été respectées, seules quelques “mesurettes“ ont été prises ce qui est largement insuffisant. Il est grand temps qu’on ait des réponses et des actes concrets. Nous sommes aujourd’hui acculés, surtout après une année où les récoltes n’ont pas été bonnes, ni durant l’été, ni durant l’automne. La volonté de l’Europe de signer l’accord avec le Mercosur constitue la mesure de trop, puisque plusieurs productions sont concernées notamment les filières viande, sucre et éthanol. Les nombreux producteurs de betteraves en Essonne sont donc particulièrement touchés. Cette filière était déjà en difficulté du fait des normes de qualité et environnementales qu’on nous impose. Dans le même temps, on laisse la porte ouverte à des pays qui utilisent encore 150 produits interdits en France depuis 20 ans, qui participent à la déforestation amazonienne mais ça ne dérange personne. À un moment donné, nous voulons simplement que les promesses soient respectées et d’avoir de la cohérence dans le discours politique. Soit on nous soutient clairement, soit on continue à nous mettre un peu plus la tête sous l’eau. Nous voulons juste avoir enfin une Europe et une France qui nous soutiennent, qui nous redonnent un peu de marge de manœuvre financièrement pour répondre aux enjeux de demain en s’adaptant aux changements climatiques et à notre environnement. »