En 2009, les travaux du premier espace résidentiel du quartier des Hauts-Vallons touchaient à leur fin. Il ne manquait plus qu’à donner des noms aux rues. Le Maire Franck Marlin, passionné d’histoire locale mais aussi par l’aviation, décida de leur donner le nom de célèbres aviateurs de l’Aéropostale fondée en 1927 par Marcel Bouilloux-Lafont, Maire d’Étampes de 1912 à 1929. Le jour de l’inauguration, Madame Guillemette de Bure, petite fille de Marcel Bouilloux-Lafont avait fait l’honneur de sa présence. 15 ans après cet évènement exceptionnel, Guillemette de Bure et Jean Fornal, un homme également passionné d’histoire et d’aviation ravivent le souvenir en rendant hommage à Victor-Etienne, aviateur de l’Aéropostale, dont l’on célèbre cette année le 90e anniversaire de sa mort en service commandé.
« Ma vocation est de sortir de la poussière les âmes héroïques et honorer leur mémoire à la hauteur de leur dévouement », souligne Jean Fornal, co-auteur d’un article très documenté sur Jean Mermoz et Victor Étienne, deux pilotes de légende dans la revue du SNPL (Syndicat Nationale des Pilotes de Lignes) qui doit paraître en mars 2025.
« Victor Étienne était un grand ami de Jean Mermoz. Mécanicien dans l’aviation, il effectue ses classes en tant que pilote au sein du 34e régiment d’aviation du Bourget. Le 10 mai, il devient breveté militaire N° 18843. Une parution de l’aérophile du 1er juin 1921 indique que son brevet militaire est commué brevet de l’Aéro-club N° 18164. Très vite, certainement en mal d’aventure, Étienne se porte volontaire pour le Levant, où il rencontre Jean-Mermoz à la 35e escadrille du 5e R.A.O », détaille Jean Fornal « Après 7 ans d’amitié, de compréhension totale, de vols communs, comme le rappelle si bien Joseph Kessel dans son magnifique ouvrage dédié à Jean Mermoz, les deux amis se retrouvent en 1928 au service du courrier de l’aéropostale Buenos-Aires-Rio ».
La Compagnie Générale Aéropostale, dirigée par le banquier et homme d’affaire Marcel Bouilloux-Lafont, exploite un réseau de 17 000 km, rassemblant 80 pilotes, 250 mécaniciens, 53 radios et 250 marins. « Travailler avec son ami, Étienne est aux anges ! Il l’écrira d’ailleurs dans une lettre », rapporte Jean Fornal.
Malgré l’amélioration du matériel, les accidents et les pannes sont fréquentes avec des drames. La femme de Victor Étienne ne souhaite plus qu’il transporte le courrier. En 1934, Victor Étienne est muté à Bahia comme chef d’escale. Et patatras… ce que sa femme redoutait arriva. Le 5 août, il doit essayer le Laté 26 F-AIKL qui doit transporter du courrier vers la France. Au décollage, élancé, l’avion a tout à coup une rupture de vilebrequin du moteur. En face, il y a une forêt de palmiers. L’avion percute la cime d’un arbre, il chute et s’embrase aussitôt. Il y aura 4 blessés et 2 morts : Victor Étienne et le radio-opérateur Henrique Bondel.
Le 21 août, il sera nommé à l’Ordre de la Nation et Chevalier de la Légion d’Honneur.
Le 29 août, Victor Étienne est inhumé au cimetière parisien de Pantin.
Jean-Gérard Fleury écrira sur son ami : « Il avait un esprit fin. Une âme violente habitait son corps robuste. Une chevelure de feu, qu’il ne pouvait dompter, semblait le symbole de ses aspirations tourmentées. Comme Mermoz, Étienne ne trouvait le calme spirituel que dans les luttes pour le courrier, entrecoupées de puissants jeux physiques ».
Jean Mermoz et Victor Etienne, pilotes légendaires de la Compagnie aéropostale qui effectuait des liaisons entre la France et l’Amérique du Sud
Marcel Bouilloux-Lafont, responsable de la Compagnie Générale de l’ Aéropostale en (1927) et ancien maire d’Etampes (1912-1929)
aux côtés de Victor Étienne, pilote légendaire
Jean Fornal, co-auteur d’un article très documenté sur Jean Mermoz et Victor Étienne