Le 21 septembre, la Ville a procédé à la signature de la Convention de collecte de dons pour la sécurisation de la Tour de Guinette, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine.
Cette opération va se tenir durant plusieurs mois pour permettre à tous les citoyens, les entreprises ou les associations qui le souhaitent de participer au financement de la sécurisation de l’emblématique monument étampois.
À monument d’exception, mesure d’exception. Cette grande opération va permettre de (re)découvrir l’Histoire de cet ancien donjon du Château d’Étampes construit au XIIe siècle. Les mille facettes du Monument sont déclinées dans une rubrique. Après les aspects historiques et architecturaux, place aux arts.
En effet, il a inspiré des artistes ! Livres, dessins, peintures, photographies… Le Château royal d’Étampes et sa Tour quadrilobée, comme un trèfle à 4 feuilles, ont été évoqués et représentés dans leur spécificité architecturale mais pas seulement. Cet édifice de plus de 1000 ans a donné naissance à des petits bijoux à lire et à regarder… Clin d’œil sur quelques-uns d’entre eux…
Les Très riches Heures du Duc de Berry
Dans le livre de prières dit « Les Très riches Heures du Duc de Berry », comte d’Étampes, l’on trouve sur un calendrier, illustrant le mois d’Août, une des plus anciennes reproductions du Château royal d’Étampes.
« Au premier plan de l’illustration se trouve une scène de fauconnerie : le cortège à cheval part pour la chasse, précédé d’un fauconnier. Celui-ci tient dans la main droite le long bâton qui lui permettra de battre arbres et buissons pour faire s’envoler le gibier. Il porte deux oiseaux au poing et, à la ceinture, un leurre en forme d’oiseau que l’on garnissait de viande pour inciter les faucons à revenir. Le cortège est accompagné de chiens destinés à lever le gibier ou à rapporter celui qui aura été abattu. Sur leur cheval, trois personnages portent un oiseau, sans doute un épervier ou un faucon émerillon. Au second plan sont représentés les travaux agricoles du mois d’août. Un paysan fauche le champ, un deuxième réunit les épis en gerbes alors qu’un troisième les charge sur une charrette tirée par deux chevaux. À proximité, d’autres personnages se baignent dans une rivière — peut-être la Juine — ou se sèchent au soleil. À l’arrière-plan se dresse le château d’Étampes, que le duc de Berry avait acquis en 1400, à la mort de Louis d’Évreux, comte d’Étampes. Derrière les remparts, on distingue le donjon quadrangulaire et la tour Guinette » est-il détaillé sur le calendrier datant de 1440. L’ouvrage est conservé au musée de Condé à Chantilly.
Le château royal d’après le moine Helgaud
Helgaud de Fleury est un moine chroniqueur de l’abbaye de Fleury. Il est célèbre pour avoir écrit la vie du roi Robert le Pieux II (972-1031) vers 1033. Fils d’Hugues Capet et de son épouse Adélaïde d’Aquitaine, il est le deuxième roi franc de la dynastie capétienne. Son Palais, dans lequel il résidait occasionnellement, était installé derrière le Tribunal de Grande Instance. « Dans sa chronique, le moine Helgaud parle donc d’Étampes-le-Chatel, ce qui suppose que la Ville avait un château ou une forteresse ! », souligne le Corpus Étampois, un site d’histoire locale créé par Bernard Gineste. On peut y lire aussi le récit que fait le moine Helgaud du château.
«Au milieu de tous les édifices était une grosse tour servant de donjon, faite en forme de rose à quatre feuilles de 40 toises de tour et de 20 de hauteur; les murs de 12 pieds d’épaisseur dans laquelle était un escalier en forme de pied droit pour monter aux étages d’en haut de cette tour, au-dessus de laquelle s’élevait une tourelle qui servait d’echauguette ou guérite pour découvrir les avenues et les environs du château. Il y avait un puits dans le bas qui montait jusqu’au premier étage, au-dessus du rez-de-chaussée de la tour. Tous ces édifices étaient couverts d’ardoise et de plomb, garnis de roses, de fleurons et d’autres embellissements dont il ne reste aujourd’hui qu’une partie de la Tour ou Donjon, où les vassaux du Duché d’Estampes vont rendre leurs hommages.».
Une description détaillée de la tour par Dom Basile Fleureau (1612-1674)
Basile Fleureau, barnabite de la Congrégation de Saint-Paul est historien, professeur de philosophie né à Étampes.
Dans son livre Les Antiquités d’Étampes, il donne une description assez détaillée de la tour centrale du château fort d’Étampes.
On pénétrait dans la tour par un pont-levis qui partait du mur d’enceinte proche de la tour et aboutissait un peu au-dessous du premier étage, dans une sorte de petit vestibule ou poterne à mi-étage. De ce vestibule partaient deux escaliers, l’un à gauche, l’autre à droite.
L’escalier de gauche descendait au rez-de-chaussée de la tour, qui avait l’aspect d’une grande cave éclairée par de petites fenêtres. II y avait en outre un puits et des latrines. Une colonne centrale traversait le plafond en bois. Cette colonne montait jusqu’au deuxième étage.
Du vestibule de l’entrée, si l’on prenait l’escalier de droite, en montant de quelques marches, on arrivait au premier étage, dans une salle à quatre grandes fenêtres, avec son pilier central soutenant une voûte de pierre aux huit branches d’ogives. Ce plafond, d’après le style, construit au milieu du XIIIe siècle, [p.226] remplaçait le plafond primitif de bois. C’est de cette salle qu’on tirait l’eau du puits dont la cage montait jusque-là.
Retournons à l’escalier à vis qui, à travers la muraille, aboutissait au deuxième étage, haut de 13 mètres. Cet étage formait une grande salle qui servait d’habitation au commandant du château fort. Elle était éclairée par des hautes fenêtres s’évasant largement vers l’intérieur et chauffée par deux grandes cheminées. Quatre colonnes de pierre, avec chapiteau à volutes, supportant des ogives, soutenaient le plancher supérieur.
Toujours par l’escalier à vis, nous arrivons au troisième étage. Cet étage était destiné à la défense et on y accumulait les projectiles et les armes. De plus, dans les quatre lobes de la tour, des échelles permettaient de descendre dans des sortes de tribunes situées entre le deuxième et le troisième étage, qui facilitaient ainsi la communication avec le deuxième étage, où se tenait le commandant. Celui-ci pouvait alors aisément donner ses ordres et envoyer des défenseurs aux créneaux en cas d’attaque.
Ce troisième étage était donc crénelé. Il était surmonté d’un grand toit constitué d’un comble carré à quatre pentes, recouvert d’ardoises, et de quatre tourelles au-dessus des demi-tours. Le tout surmonté d’une échauguette très élevée où aboutissait l’escalier à vis.
Histoire de la reine Ingeburge par Maxime de Montrond (1805-1879)
On doit à Maxime de Montrond, historien et écrivain prolifique, des Essais historiques sur la ville d’Étampes. Dans le chapitre XI datant de 1836, Bernard Gineste, du Corpus Étampois, a traduit des textes en latin relatant l’histoire de la reine Ingeburge , incarcérée 13 années durant à Étampes. « Après la mort d’Isabelle de Hainaut, première femme du roi Philippe-Auguste, ce monarque, afin d’assurer des héritiers à la couronne, avait demandé en mariage Ingeburge, fille de Waldemar, roi du Danemark, et de la reine Sophie. Cette jeune princesse était douée d’une beauté merveilleuse. On rapporte qu’elle avait les plus beaux cheveux blonds du monde, et les mains d’une éclatante blancheur. Le roi Philippe, dès qu’il apprit son arrivée sur le territoire du royaume, vint à sa rencontre, et se rendit à Amiens. Monté sur son grand cheval de bataille, le casque en tête, et revêtu de son haubert à mailles d’argent, il reçut, à peu de distance de la ville, la nouvelle reine, qui s’avançait vers lui, assise sur une blanche haquenée, et suivie de ses damoiselles et du vénérable évêque de Noyon. Le monarque lui fit joyeux accueil ; il voulut qu’on procédât ce jour-là même à la célébration du mariage; et le lendemain de cette première entrevue, la jeune Ingeburge fut couronnée reine de France. Qui aurait cru alors, en voyant cette union s’accomplir sous de si heureux auspices, qu’aux joies pompeuses de l’hymen succéderaient bientôt les larmes amères de la douleur ? Par un bizarre et funeste caprice, le roi conçut soudain pour sa nouvelle épouse une extrême répugnance. Et son aversion prenant chaque jour un nouveau degré de force, il avisa aux moyens de faire dissoudre le mariage qu’il avait contracté ». Bernard Gineste a également traduit les lettres de la Reine Ingeburge adressée à son frère, Canut, roi de Danemark ou bien encore au pape Célestin. Visible sur le site du Corpus Étampois ?
« La prisonnière du roi » par Gilbert Bordes
Le 4 avril 2021 sortait dans toutes les librairies de France et de Navarre La Prisonnière du Roi, un livre roman signé par l’Étampois Gilbert Bordes. Romancier populaire après avoir été instituteur puis journaliste, notamment chroniqueur pour RTL, Gilbert Bordes a romancé le destin hors du commun de la belle Ingeburge au cœur des secrets de la cour royale et des grands faits du royaume de France au XIIe siècle. Une vie tragique, romanesque, liée pour le pire à son époux, le roi Philippe Auguste, mais qui révèle une personnalité pleine de force, et qui sera transcendée par un amour impossible avec un chevalier troubadour. « Ingeburge, princesse danoise de grande beauté, devient reine de France le 15 août 1193. Or, dès le lendemin, le roi Philippe Auguste la répudie et la place sous la protection de Guilhem de Ventadour, colosse tonitruant, chevalier troubadour maniant aussi bien l’épée que la vielle. Ainsi commence un amour insensé entre le chevalier et la reine sans trône, enfermée dans des couvents successifs ». La relation entre le chevalier troubadour et la princesse est sortie de son imagination de romancier, mais l’auteur signe un livre nourrit de détails historiques croustillants et vérifiés sur cette époque. Le romancier trouve aussi une fin heureuse à son roman, alors que Guilhem, son amant, est condamné au billot, Ingeburge elle, retrouve son sort de prisonnière jusqu’en 1213, puis le roi la reprend près de lui, à sa place de reine. Mais jamais, il ne partagera sa couche.
La Tour de Guinette sur des œuvres de René Magritte !
Incroyable découverte de Bernard Gineste, du Corpus Etampois, en allant visiter une exposition consacrée au peintre surréaliste belge qui se tenait au Centre Beaubourg à Paris en janvier 2017. Le professeur étampois est formel : il s’agit bien de la représentation de la Tour de Guinette par le peintre surréaliste belge. L’œuvre représente un oiseau multicolore avec la Tour de Guinette sur la tête. On y reconnaît le donjon quadrilobé rarissime, sa crevasse qui l’éventre, et son bel écrin arboré. Après recherche de l’historien, il s’agit en fait d’une gouache sur papier de la série intitulée Le Prince Charmant, qui s’est vendue en février 2001 à Sotheby’s (alors estimée à environ 50 000 livres). Pourquoi et comment la Tour de Guinette est arrivée sur cette gouache sur papier ? René Magritte a-t-il visité Étampes en 1948 ? Ou bien s’est-il simplement inspiré d’une carte postale, ou d’une quelconque vue d’artiste de la Tour de Guinette ? Le mystère n’a pas encore été élucidé.
Ingeburge, la reine interdite de Gérard Morel
En janvier 1987, le romancier Gérard Morel publiait son premier roman Ingeburge, la reine interdite. Il y conte la vie de la princesse en imaginant une brève liaison de la promise avec le Comte Pierre de Troullioud, avant que ce dernier ne soit retrouvé pendu. Philippe Auguste l’apprend au cours de sa nuit de noces, et décide de la répudier aussitôt… Dans son livre, il prolonge la détention de la reine Ingeburge, en écrivant que pendant vingt ans, elle endurera sans faiblir les insultes, les privations et les menaces. Dans la réalité des faits, elle restera enfermée dans la Tour de Guinette 13 années. Dans son roman, l’auteur évoque « quelques hommes, qui deviendront ses amants ou resteront ses amis, et dont elle causera chaque fois la faillite ou la mort. Elle parviendra quand même à faire excommunier Philippe, et obligera le Pape Innocent III à jeter l’Interdit sur le royaume de France… Apaisée à la fin de sa vie, elle rédige ses Mémoires, en ignorant délibérément les regrets, les remords ou les fausses pudeurs, et ose affirmer avoir été Reine de France malgré la grâce de Dieu…»
La Tour de Guinette photographiée par la famille Rameau
Elle a été photographiée sous toutes les coutures par trois générations de photographes étampois de 1909 à 2002 : Eugène, Robert et Julien Rameau. Que ce soit au pied de l’édifice ou vu de son sommet, les photographes ont effectué de superbes clichés du monument et de la Ville, édités ensuite en cartes postales. Elles voyageaient ainsi dans le monde entier faisant la renommée de la Cité Royale d’Étampes. On doit aussi à cette grande famille de photographe des images de la Première Guerre mondiale de 1914-1918 immortalisant les pilotes de l’école de pilotage de Mondésir, mais aussi les bombardements de la Ville en 1939 et 1945, puis la Libération de la Ville. La venue du Général de Gaulle à Étampes en 1965 a été aussi couverte par Julien Rameau, le dernier de cette belle lignée de photographes.
Philippe Legendre-Kvater, artiste peintre
Peintre et graveur du quartier Saint-Martin d’Étampes, Philippe Legendre-Kvater à maintes et maintes fois illustrés le Château royal d’Étampes dans ses œuvres notamment dans son livre Le secret de l’Orfèvre co-réalisé avec Clément Wingler, historien. Attaché à l’histoire de sa ville, Philippe Legendre-Kvater continue d’imager un Patrimoine qui lui tient à cœur dans des scènes historiques.
Christophe Civeton, La tour de Guinette en gravure sur acier
En 1828, Christophe Civeton a consacré deux dessins à Étampes, sur une commande de Jacques-Antoine Dulaure pour son ouvrage Les environs de Paris. Certains exemplaires ont été aquarellés à la main. Le dessin ci-joint a été gravé par Georges Malbeste. On y remarque une dizaine de personnages. Deux cantonniers sont à l’ouvrage sur le chemin pavé de Dourdan, sous les regards de trois promeneurs oisifs, dont l’un s’est assis au bord de la route, sa canne à la main, son chien au repos à côté de lui.
Henri Chouppe: La Tour de Guinette en aquarelle
Cette aquarelle est datée aux environs de 1840. « La source de la présente image est une carte postale du début du XXe siècle, qui porte la légende suivante : “ETAMPES Historique. La Tour de Guinette, par Chouppe, élève de Pensée (vers 1840)“, rapporte le Corpus Étampois. Cette aquarelle, certainement issue d’une collection privée, à un intérêt artistique évident. Mais aussi plusieurs détails intéressants qui témoignent de l’état du site vers à cette époque, qu’il est difficile de distinguer sur cette petite reproduction. Si par chance, la personne qui la détient voit cette publication, qu’elle se fasse connaître !
La Tour de Guinette vue du ciel par Willy Hubent
En 2016, un jeune homme de 19 ans, habitant Sainte-Geneviève-des-Bois est parti à la conquête du Patrimoine de l’Essonne photographiant ses monuments avec un drone.
En survolant la Tour de Guinette, il a livré des photos absolument époustouflantes et inédites du monument révélant son caractère unique : quatre lobes de sept mètres de diamètre. Une sorte de trèfle à quatre feuilles en pierre.